Malgré la pluie et le cessez-le-feu, 700 personnes se sont retrouvées sur la Place De Gaulle de Lille Samedi 22 mai après-midi pour défiler jusqu’à la Préfecture, via les rues Nationale, Solferino et Inkerman à l’appel de l’Association France-Palestine Solidarité, aux cris de « Israël, assassin, boycott ! » et « Nous sommes tous des Palestiniens ! ».
Le PRCF 59-62 était présent avec ses drapeaux – l’occasion de discuter plusieurs fois avec des jeunes encore un peu dans le brouillard, sur le mode : « -Vous êtes qui ? – Le Pôle de Renaissance Communiste en France. – Ah, le Parti Communiste ? – Non, on a la faucille et le marteau, nous ! – Hein ?! – Et on n’a pas appelé à manifester avec les syndicats de policiers qui réclament un durcissement des peines de prison, nous ! – Ah, d’accord ! ». On notait d’ailleurs l’absence totale du PCF dans le cortège…
Avant la dispersion, l’AFPS, la Ligue des Droits de l’Homme, la CGT, Lutte Ouvrière, le FUIQP ont pris la parole, ainsi que Georges Gastaud pour le PRCF, qui a montré le caractère universel de la lutte des Palestinien, et la nécessité de se battre pour la souveraineté nationale partout, y compris en France – car, étrangement, selon certaines organisations de gauche, l’indépendance nationale, c’est bon pour les autres !…
L’allocution de Georges Gastaud
« Chers concitoyens, amis et camarades,
Le PRCF et ses organisations départementales du Nord et du Pas-de-Calais saluent les manifestants présents aujourd’hui et surtout, les militants du PRCF baissent leurs drapeaux, rouges et tricolores, devant les martyrs, combattants ou civils, des barbares bombardements aveugles qui ravagent périodiquement Gaza.
Honneur à ceux qui, malgré l’asymétrie des forces militaires, malgré le lâchage ignoble de la prétendue « communauté internationale » dirigée par Joseph Biden, la nouvelle idole de la fausse gauche, malgré la trahison de la cause palestinienne par les pétromonarchies arabes et par la monarchie marocaine trop occupée à liquider les Résistants du Sahara occidental, répondent coup pour coup à l’agression permanente d’Israël, à sa politique ouvertement suprémaciste, raciste, colonialiste, sœur jumelle à bien des égards de la politique d’apartheid qui régna si longtemps en Afrique du Sud à l’encontre de sa majorité noire. Bien qu’aimant la vie, comme tous les jeunes de leur âge qui préfèreraient aimer et, pourquoi pas, jouir un peu eux aussi des fameuses « terrasses » obsédant nos chers bobos, les jeunes de Gaza et des autres territoires occupés, répondent, non pas par le pacifisme bêlant des éternels Munichois, mais, comme le firent en France nos glorieux Francs-Tireurs et Partisans combattant l’arme au poing un autre occupant et répondant à l’oppresseur par la résistance politique et, puisqu’il n’existe plus d’autre voie possible face à un déni de justice mondial durant depuis des dizaines d’années, et tant les accords de paix ont été sabotés l’un après l’autre par Tel-Avis par la résistance militaire.
Honneur en particulier à ces jeunes Gazaouis qui, acculés à la mer par le blocus maritime, bloqués dans leurs frontières par le régime égyptien tyrannique de Sissi, encerclés par Israël, donnent au monde une leçon morale de portée mondiale que les peuples n’oublieront pas. Comme Cuba socialiste, dont la devise est et reste « Cuba socialista ni se vende ni se rinde ! » (« Cuba socialiste ni ne se vend ni ne se rend »), comme hier le petit peuple vietnamien vainqueur de la toute première puissance impérialiste mondiale, la jeunesse de Gaza prouve qu’il est impossible de réduire un peuple déterminé à se battre et qui applique en Palestine et aux Palestiniens le mot d’ordre héroïque qui concluait l’Appel du 10 juillet 1940 lancé au peuple français par Thorez et Duclos au nom du PCF clandestin : « jamais, non jamais, un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ! ». Un mot d’ordre, une résistance qui entrent en résonance avec les pages les plus héroïques de l’histoire humaine, des hoplites athéniens de Marathon déclarant « mieux vaut mourir libre que vivre esclaves » à nos soldat de l’An II donnant corps à la devise républicaine conçue par Robespierre et amputée de sa finale héroïque par les veules dirigeants de la République bourgeoise actuelle : « liberté, égalité, fraternité, ou la mort ».
Camarades et amis, nous ne sommes pas là pour pleurer mais pour crier notre colère contre ce régime israélien d’extrême droite, dont le chef de file est notoirement un escroc qui se sert de la guerre pour rester au pouvoir et éviter la prison qui l’attend. Nous sommes là pour démasquer ce Joe Biden qui, comme Trump, n’allègue les droits de l’homme que lorsqu’il s’agit pour lui de déstabiliser les pays qui lui résistent, d’étrangler le Venezuela bolivarien, d’encercler militairement la Chine populaire et de préparer la revanche de tous les impérialismes contre ce peuple russe, principal vainqueur de la guerre antihitlérienne, qui, lorsque flottait encore sur Moscou le drapeau rouge frappé le l’emblème ouvrier et paysan, était le plus sûr rempart international des Palestiniens. Je vais même vous faire une confidence, amis et camarades : quand je vois comment Joe Biden agit avec les Palestiniens, je n’ai absolument pas l’impression qu’il aurait « pris sa carte au PRCF » et je mets plutôt en garde les vrais progressistes contre toute illusion au sujet de ce nouveau loup capitaliste travesti en tendre agneau rooseveltien !
Enfin nous sommes là pour dénoncer Macron et l’ensemble de l’arc politique euro-atlantique de notre pays qui, tout en faisant mine de renvoyer dos à dos l’agresseur et l’agressé, l’occupant et l’occupé, le colonisateur et le colonisé, ne cessent d’encourager Netanyahou en cultivant les relations privilégiées avec un Etat systématiquement violateur du droit international et des résolutions de l’ONU, et aussi en organisant la persécution judiciaire à l’encontre du courageux mouvement BDS. Nous, PRCF, disons qu’en agissant ainsi, les présidents euro-atlantistes successifs de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, ne se contentent pas de contribuer hypocritement à l’oppression des Palestiniens, et à travers eux, à l’oppression de tous les peuples arabes en attente d’un véritable printemps progressiste, laïque, anti-patriarcal et républicain. Nos dirigeants pro-Maastricht alignés sur Washington jouent en outre contre l’intérêt national français et ils détruisent ce qui reste du prestige international de notre pays : car ce prestige international était immense à l’époque où Charles de Gaulle, bravant Washington et Tel-Aviv, condamnait l’occupation israélienne résultant de la Guerre des Six jours ou quand encore, en 2003, Dominique de Villepin dénonçait l’invasion de l’Irak devant le Conseil de sécurité. C’est aussi une véritable trahison du peuple français à laquelle nous assistons car laisser écraser le peuple palestinien, c’est in fine renier le combat fondamental qui fut celui de la Révolution française et qui s’appelle le droit des peuples, de tous les peuples, à disposer d’eux-mêmes souverainement. Quoi d’étonnant dans ces conditions si les dirigeants français qui interdisent la manif parisienne de solidarité avec la Palestine sont aussi ceux qui détruisent ici le produire en France livré aux euro-délocalisations, les services publics abandonnés aux euro-privatisations, et qui dissolvent chaque jour un peu plus notre pays et ses acquis sociaux dans l’acide de la prétendue « intégration » euro-atlantique…
Et qu’on ne me dise pas que, disant cela, nous semons la haine contre les juifs d’Israël et d’ailleurs. Nous communistes, que Vichy et les hitlériens envoyaient au poteau d’exécution sous l’Occupation en nous traitant de « judéo-bolchéviks », nous qui gardons au cœur l’héroïsme des jeunes ouvriers juifs combattant pour la patrie commune et pour les Jours heureux dans la Résistance communiste armée, avons toujours vomi, vomissons et vomirons toujours l’antisémitisme et le racisme. Et c’est pour les mêmes raisons, qui nous font vomir le racisme et l’antisémitisme, c’est parce que nous croyons toujours au droit égal de tous les humains à la vie et au bonheur, que, avec les courageux juifs progressistes français de l’UJPE, nous condamnons sans appel une politique israélienne aux relents sourdement génocidaires puisqu’elle vise incontestablement à éradiquer, non seulement sous les bombes, comme en ce moment, mais chaque jour en lui rendant la vie quotidienne impossible, le peuple palestinien grossièrement nié, humilié et martyrisé.
Pour conclure, amis et camarades, je dirai au nom du PRCF que nous ne sommes pas là pour « défendre le peuple palestinien » mais pour NOUS défendre nous-mêmes, et avec nous tous les peuples épris d’égalité et de souveraineté, en défendant ces jeunes Palestiniens qui, aimant la vie, savent aussi la mettre en danger quand il y va de ce bien le plus précieux de tous aux yeux d’un autre résistant, le président Ho Chi Minh, « l’indépendance et la liberté » pour tous les peuples. »