Samedi 28 août à 13h, les militants lillois du PRCF qui étaient revenus de vacances se sont donné rendez-vous Place de la République pour diffuser sous forme de tract, dans la manifestation contre le passe sanitaire, une version condensée de la déclaration publiée le 12 juillet par les secrétaires nationaux du Pôle dénonçant la politique macroniste, le Medef et l’UE.
Cortège hétéroclite
Si on notait, dans le cortège, la présence de réactionnaires avec drapeau royaliste ou sacré cœur qui criaient « Véran, Satan ! » (sic !), d’une poignée de régionalistes d’extrême-droite avec leur lion des Flandres, et même de quelques antisémites (nom de code actuel : « Qui ? »*), la plupart des manifestants étaient des citoyens déjà discriminés économiquement (dont des Gilets jaunes), et qui ne supportent pas la brutalité de la mise en place d’un passe dont l’entrée en vigueur neuf jours seulement après son annonce a puni ceux qui n’étaient pas encore vaccinés.
En prélude au départ de la manif, plusieurs prises de paroles eurent lieu, dont celle de Jérôme Rodrigues, le célèbre Gilet jaune éborgné par un tir de LBD, qui a appelé à l’unité autour du refus du passe sanitaire, et à proscrire les slogans haineux.
Des pompiers venus en uniforme se joindre au rassemblement reçurent un accueil triomphal. Beaucoup de présents n’avaient visiblement jamais milité avant cet été. Un petit tract très confus et anonyme mélangeait allègrement arguments recevables et gros bobards contre la vaccination. Un autre se contentait d’énumérer, en caractères minuscules, des adresses de sites complotistes.
« Enfin un parti de gauche ! »
Pourtant, contrairement à ce que nous pouvions craindre, notre tract a globalement été bien reçu (mais il va sans dire que nous ne sommes pas allés le proposer à ceux qui arboraient des signes réactionnaires). Quelques personnes refusaient poliment sous prétexte d’apolitisme, mais beaucoup nous disaient, au contraire : « Ah, enfin un parti de gauche ! Vous étiez passés où ? ». Désolés, nous étions partis plus au sud…
Nous ne tentons pas d’expliquer que le Pôle n’est pas un parti, et préférons discuter sur le fond. Ceux qui viennent nous parler déplorent le fait que Philippot et Dupont-Aignan soient les seules personnalités politiques à soutenir le mouvement. Ils regrettent aussi l’absence totale des syndicats. Un militant chevronné, mais carté nulle part, achète deux numéros d’Initiative Communiste d’août, avec en Une « Passe sanitaire, impasse politique », et nous dit qu’il nous recontactera vraisemblablement.
Bilan : nous avons bien fait de venir ! Certaines parties du cortège sont franchement infréquentables, mais pas toutes, loin de là, et les militants franchement communistes ont le devoir de venir y expliquer que les responsables du scandale en cours ne sont ni les Juifs, ni Satan, ni la République, mais un système mondialisé qui lamine les souverainetés nationales, détruit les services publics, et encourage la libre-circulation des capitaux et des virus en épuisant les travailleurs et les écosystèmes. Macron est chargé d’appliquer ce programme ici, sous la haute surveillance de Bruxelles et Berlin…
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* Qui est « Qui ? » ? : le tour de passe-passe des antisémites
Le 9 août, dans la manifestation anti-passe sanitaire de Metz, Cassandre Fristot, ancienne militante du FN, avait brandi une pancarte où elle avait écrit « Mais Qui ? [avec des cornes diaboliques sur le « Q »…] Traîtres !!! Attali, Buzyn, Attal, Véran, BFM Drahi, Macron, Salomon, Soros, K. Schwab, BHL, Ferguson, Rothschild. République totalitaire, diviser, discriminer, emprisonner ». Elle est depuis poursuivie pour « provocation publique à la haine raciale ».
Son message codé faisait référence à une déclaration, sur la chaîne fascisante CNews, en juin, du général à la retraite, Daniel Delawarde, une des signataires de la fameuse tribune publiée par le tout aussi fascisant l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Alors qu’il a dénoncé la « meute médiatique » et ceux qui la « contrôlent », Claude Posternak, du bureau exécutif LREM, lui demande : « Qui contrôle la « meute médiatique » ? ». « La communauté que vous connaissez bien », répond Delawarde. Lui aussi est poursuivi pour « diffamation publique et provocation à la haine et à la violence à raison de l’origine ou de l’appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion. »
Les avocats de Delawarde et Fristot feront évidemment valoir qu’à aucun moment, leurs clients n’ont écrit ou dit « Juifs »…
Par ailleurs, de nombreux manifestants de cet été, sans y voir forcément malice, banalisent dangereusement les signes nazis en écrivant « paSSe sanitaire » avec des « S » runiques, en arborant une étoile jaune portant la mention « Non vacciné », etc.