Par Georges Gastaud
Enfin un film tourné « ichi » qui, non seulement n’occulte pas les réalités de classe mais qui en fait sa matière même. Deux frères abandonnés dans leur petite enfance sont élevés, sans que chacun connaisse l’existence de l’autre, l’un dans une famille bourgeoise de Meudon, l’autre dans un coron. Le premier, Arnaud, devenu chef d’orchestre de renommée mondiale, apprend qu’il a un cancer nécessitant une greffe de moelle osseuse. Il va ainsi être appelé, pour sauver sa peau, à faire la connaissance de son frère nordiste qui travaille dans une cantine et qui joue du trombone dans la fanfare de Wallincourt. Deux destins de classes à la fois unis et séparés par la musique… Tout cela sur fond de grève ouvrière car l’usine de Wallincourt est en cours de délocalisation.
A l’arrière-plan, mais seulement en apparence, deux personnages féminins attachants et admirablement joués, la mère ouvrière du tromboniste et la déléguée CGT qui mène la grève dans l’usine en voie de fermeture…
On ne vous en dit pas plus sauf que le film, plein de personnages truculents, quoique rugueux, mêle intelligemment étude sociale et méditation sur la condition humaine.
D’aucuns ont parlé de mélo à propos de « En fanfare! ». Admettons; mais alors, preuve est faite qu’il existe de bons mélos…