Ce jeudi 16 mars 2023, une délégation du Comité de la Paix du Bruaysis et du Béthunois composée de Jacques Kmieciak, Jean-Luc Lambert et Arnaud Vanderhaeghe, s’est rendue à l’université de Lens pour y assister à une conférence donnée par le photographe Youry Bilak. Français d’origine ukrainienne, celui-ci se rend régulièrement en Ukraine depuis 2005. Il y a notamment rapporté des photos des mines de Vouhledar situées dans le Bassin du Donbass. Clichés présentés lors de cette conférence proposée par l’Université populaire Mineurs du monde Gauheria.
De son exposé en partie centré sur les techniques d’exploitation au sein de mines considérées comme des fleurons industriels du temps de l’Union soviétique, on retient que la ville de Vouhledar se situe aujourd’hui sur la ligne de front et a été largement détruite. D’emblée, le conférencier s’alarme du sort réservé à un mineur de charbon qu’il « suit » depuis 2005. Un mineur devenu depuis un ami. Confrontés à la violence des bombardements subis quotidiennement, lui et sa famille ont dû quitter ce Bassin minier pour la ville de Lviv à l’ouest de l’Ukraine. « La population de Vouhledar est passée de 15 000 à 500 habitants aujourd’hui », s’émeut Youry Bilak. Les aléas de ce conflit (destruction de bâtiments civils, peur, traumatisme, destins brisés, etc.) sont passés en revue. L’émotion du photographe semble sincère. Elle conforte l’empathie de l’assistance envers le peuple ukrainien qui serait « martyrisé par son méchant voisin russe » comme il est répété à longueur d’antenne sur nos plateaux de télévision.
Contrevérités historiques
Des contrevérités historiques, car assurément le conférencier a choisi son camp et assume une vision manichéenne de cette guerre. Contrairement à ce qu’il prétend, celle-ci « n’a pas débuté en février 2022, mais bien en 2014 avec le bombardement des populations civiles du Donbass par l’armée ukrainienne alliée aux milices nazies avec 14 000 victimes à la clé », lui rappelle Jacques Kmieciak. Au concept de « révolution du Maïdan » qualifiée de « révolution de la dignité » par Youry Bilak, le militant du Comité de la Paix préfère l’idée d’un coup d’État fomenté de Washington soucieux de déstabiliser la Russie. Youry Bilak développe par ailleurs l’idée d’une « annexion de la Crimée » par Moscou, faisant fi du référendum de 2014 lors duquel les Criméens ont manifesté, de façon largement majoritaire et démocratique, leur volonté de réintégrer l’État russe.
Emotion à géométrie variable
« La conférence avait pour titre « Mineurs du Donbass ». En réalité, on a assisté en grande partie à une propagande kiévienne, à la mise en avant de situations personnelles, à leurs commentaires sans tenir compte des causes de ce conflit ou en ignorant volontairement certains faits », s’indigne Jean-Luc Lambert. Interrogé sur la solidarité à géométrie variable qui s’exprime en direction des populations civiles (inexistante dans une large partie de l’opinion, élus compris, de 2014 à 2022 à l’heure de l’agression de Kiev contre les républiques de Donetsk et de Lougansk), Youri Bilak botte en touche. Il légitime cependant l’escalade militaire, potentiellement exterminatrice pour l’Humanité. Une escalade encouragée par les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN. « Si le peuple ukrainien arrête de se battre, il n’existe plus », se justifie-t-il. L’homme, ô demeurant affable, se présentant comme un « ami de l’Ukraine », rend du coup un bien mauvais service à ces milliers de soldats ukrainiens sacrifiés « sur l’autel des seuls intérêts américains », souligne Jacques Kmieciak.
Des militaires appréhendés comme de la chair à canon par les États-Unis dont les multinationales se sont déjà positionnées en vue de reconstruire un pays que s’apprête à leur offrir sur un plateau le président va-t-en-guerre Volodymyr Zelenski. Comme un air de déjà vu…